Schaffhausen à Vienne à vélo – le récit

1 mois et 1.000 km en famille sur les rives du Rhin et Danube

 

J1 sa 11/7 – 21 km, 100m deniv
Train – Paris, Bâle, Schaffhausen.

Gare de l’Est, nos vélos entrent tout juste dans le TGV en partance pour Bâle. Le tandem Pino déborde de quelques cm de son emplacement. Une fois à Bâle, nous avons 2 heures de battement pour rejoindre la gare régionale Basel Bad Bahnhof et déjeuner. Nous prenons le pique-nique au pied de l’escalier du quai numéro 8, tandis qu’Anaïs a déjà entamé sa sieste.
Le trajet pour notre prochaine destination est agréable dans un wagon de rêve pour cyclos. Un espace vélo aligne une vingtaine de strapontins le long des parois du wagon. Des sangles avec des crochets bien conçus permettent de solidariser les vélos aux parois verticales. Il y a nombre important de vélos avec nous. C’est une maison du vélo ambulante.
A notre arrivée à Schaffhausen, nous sommes accueillis chaleureusement par Benoît, copain cyclo CCI de la région parisienne en route pour la Chine. Il a quitté Bezons depuis 9 mois et a parcouru l’Europe du Sud-Est ainsi que la Tunisie. Cela doit faire 15 mois que nous nous n’étions pas revu. Huit jours avant notre départ, en prenant de ses nouvelles, nous comprenons que nos vont se croiser au début de notre séjour.
Notre guide nous emmène aux chutes du Rhin, puis nous prenons la direction de Steim Am Rhein. Il s’est installé depuis quelques jours dans le jardin d’un médecin. Le lieu est magique, la grande maison récente en bois et toit de cuivre est fort imposante et joliment intégrée dans le paysage. Le jardin est bordé par le Rhin. Il fait très chaud et tout le monde profite de cette eau fraîche, voir trop froide pour moi. Hugo, Anaïs et Estelle sont initiés par Benoît aux habitudes des nageurs locaux. Le principe consiste à remonter à pied le cours du fleuve sur une ou plusieurs centaines de mètres, puis de se laisser porter par le courant. Pour rejoindre la rive, il faut bien calculer sont coup, car le courant est puissant et les enfants n’auraient pas une puissance suffisante pour rejoindre la rive. Il faut aussi se méfier des bateaux de tout gabarit qui se dirigent vers l’aval.
Nous dînons dans ce cadre paradisiaque, des mets délicieux préparés avec gentillesse par Benoît. C’est une ambiance de paix, de joie, de fraternité.

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J2 di 12/7 – 30 km, 200m deniv
Schaffhausen – Moos

Nous faisons quelques courses de fruits et légumes en quittant notre charmant camping privé. Principe déjà vu en Suisse ou dans les pays scandinaves, nous nous servons nous même, pesons et payons. Il n’y a pas de présence humaine pour surveiller ou rendre la monnaie. La confiance est ici naturelle et nous retrouveront ce principe de vente en Autriche le long du Danube. Nous nous baladons à travers des paysages vallonnés, et la journée est encore bien chaude aujourd’hui.
A Moos, nous ne trouvons pas le camping repéré sur internet. Il y a bien un hôtel mais qui doit être horriblement cher. Une solution camping sauvage n’est pas envisageable car la maréchaussée veille. Il y a bien une plage aménagée au bord du lac de Constance qui pourrait faire l’affaire. L’accueil est glacial. Notre demande doit paraître incongrue, et un jeune homme nous indique qu’il nous faut aller à l’hôtel, point barre. A force d’insister, la négociation avec le propriétaire s’achève sur un accord équitable. Pour un tarif camping, nous pouvons profiter des douches, wc, un gazon digne d’un golf pour planter et la vue sur le lac de Constance. Et nous serons seuls ce soir et on ne peut plus tranquilles. Nos seuls voisins sont des cygnes sur l’eau. Espérons qu’aucun d’eux n’aura l’idée de venir nous rendre visite dans nos tentes. Malheureusement comme la veille, des fêtes bruyantes sur une rive opposée me gênent. La veille, nous avons profité d’un concert jusqu’à 2h du matin. Camping et civilisation ne font pas bon ménage. Vive la vie sauvage sans technologies, amplifications sonores, juste le chant de la nature.

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J3 lu 13/7 – 50 km, 800m deniv
Moos – Tuttlingen

Nous devons aujourd’hui quitter la vallée du Rhin pour rejoindre les rives du Danube. Et ça ne va pas se faire sans mal, avec de nombreuses ascensions et 800 mètres de dénivelés positifs dans la journée. A un moment donné, pour remonter le moral des troupes, Benoît nous annonce joyeusement que nous atteignons le dernier col. Mais il s’avère que de nouveaux sommets émergent de l’horizon une fois que nous sommes hissés péniblement. Péniblement, c’est surtout valable pour Estelle et moi, car Hugo monte comme un Richard Virenque, toujours en danseuse. Par moment, nous sommes poursuivis par des taons et mieux vaut ne pas poser pied à terre.
A l’heure du déjeuner, nous pique-niquons dans un haras, endroit original pour une pose.

Une fois à Tuttlingen, nous nous posons dans 1 camping municipal gratuit. Nous prenons la douche tous les 5 pour 1 €, difficile de mieux faire, pensons-nous. C’est un peu à l’écart du Danube près d’un stade, de terrains de foot et piscine. La nuit est calme, c’est parfait.

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J4 ma 14/7 – 25 km, 340m deniv
Tuttlingen – Hausen Im Tal

Encore un parcours vallonné, dans un cadre sublime. Nous roulons dans une vallée encaissée, dominée par de superbes monuments, cloîtres, églises, le château de Werenwag du 12e siècle perché au bord du précipice.
Le camping est mignon au bord du Danube, encore peu large et l’ambiance y est fort calme. Enfin je récupère.

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J5 me 15/7 – 60 km, 600m deniv
Hausen Im Tal – Riedlingen

Au petit-déjeuner, le soleil chauffe très vite et il est difficile de trouver de l’ombre. Finalement, nous nous abritons le long d’un véhicule utilitaire appartenant à des hollandais.
Changement de paysage au cours de la journée pour une vallée plus large et des cultures céréalières. Le charme n’est plus aussi prégnant ; nous entrons dans la monotonie.

Notre camping ce soir est municipal, très calme. Nous avons une table pour le dîner et buvons un Shyraz australien. Nous voyageons avec Benoit depuis 5 jours et ce sont des moments partagés ensemble extraordinaires. Il nous aide beaucoup, aime échanger avec les enfants et il est toujours pertinent sur ses analyses techniques de nos vélos. Nous sommes pour lui la famille tortue avec notre rythme anti-lièvre.

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Cumul 186km 2040m deniv

J6 je 16/7 – 30 km, 600m deniv
Riedlingen – Munderkingen

Il fait chaud dès 9h ce matin et le thermomètre devrait atteindre les 32 degrés. C’est une journée douloureuse : avec la chaleur, un retard de sommeil, le corps souffre et je manque d’énergie. Nous rencontrons beaucoup de côtes qui cassent les jambes, des cotes à 10% nous obligent à pousser les vélos. Le cousin de Virenque reprend ses ascensions en danseuse, sans difficulté. A part s’arrêter en haut des côtes, courir vers nous et pousser nos vélos bien chargés.

Nous mangeons vers 13h30 au bord du Danube au milieu d’un groupe d’enfants et ado qui font du canoë. Nous avons l’ombre puis nous pouvons nous mettre dans l’eau très fraîche. Nous y restons 3 ou 4 h le temps de récupérer et laisser passer les heures les plus chaudes.

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J7 ve 17/7 – 56 km, 365m deniv
Munderkingen – Ulm

Dans un camping où nous avons dormi seuls, sans accueil, ce matin nous prenons notre dernier petit-déjeuner avec Benoit. Il va nous quitter ce matin et prendre une direction plus au sud afin de rejoindre Munich. Avant la séparation, nous improvisons une séance d’enregistrements vocaux, interviews très drôles et chorale improvisée sur le thème de la famille tortue. Nous nous faisons la promesse de nous retrouver à Vienne dans quelques semaines, et nous nous retrouverons 5 mois plus tard en région parisienne, quelques heures avant de passer en 2016. A l’occasion d’une pause hivernale, le cyclo solitaire aura laissé sa monture en Grèce. Cette séparation touchante, que nous essayons de faire durer est une marque des liens tissés en quelques jours. Nous sommes heureux de vivre ce moment, heureux de le laisser faire le destin. C’est la liberté de repartir, vivre de nouvelles rencontres et nous sommes heureux à l’idée de nous retrouver plus tard.
A 20 km d’Ulm, après la résurgence de la rivière bleue au lieu-dit Blaubeuren, dans une vallée dessinée par le Danube à l’Aire Glacière, nous sommes accompagnés par un conducteur de bus rentrant chez lui à vélo. Notre discussion porte notamment sur cette vallée et sur le vélo bien sûr.
En fin de journée, l’arrivée dans Ulm est impressionnante par la qualité des infrastructures pour les cyclistes ; tunnels pour éviter les voies rapides, ponts pour croiser une large batterie de voies de chemin de fer. Nous avons réservé un hôtel dans la ville faute de camping à proximité. Une fois au pied de la cathédrale, un cycliste plus tout jeune nous propose avec un grand sourire de nous guider jusqu’à notre hôtel. Acte gratuit, qui dure le temps d’une petite balade, le plaisir de partager ce moment avec nous et nous parler de sa ville.

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Cumul 252km 3005 m deniv

J8 sa 18/7 – 28 km, 54 m deniv
Ulm –  Günznurg.
La chambre reste chaude toute la nuit et le sommeil est dur à trouver avec l’ambiance sonore de la rue. Je regrette notre tente où il fait si bon ces nuits chaudes.
Le patron hôtel me rappelle un sacré acteur américain, Harvey Keitel. Il est vraiment adorable. Il ne parle qu’allemand, ce qui est dommage étant donné ma connaissance nulle de la langue. Au moment de partir, il se prête le sourire aux lèvres à la séance portrait souvenir devant son établissement. Je conserver une preuve de l’existence de cet Harvey Keitel allemand qui ne vend pas de cigares à NYC, mais tient un hôtel à Ulm. Avant de rejoindre la nature, nous visitons le centre dont le quartier des pêcheurs. L’ambiance est charmante de ces maisons moyenâgeuses, les ruelles étroites bordées de canaux.
A 20 km d’Ulm, nous nous posons au bord d’un lac. Les enfants sont tout de suite dans l’eau en cuissards, puis tout nu. Durant le repas un orage arrive et la plage de vide. Sous notre arbre, nous sommes relativement à l’abri. Nous repartons alors que le soleil se remet à nous cuire, l’air est lourd, c’est terrible. Nous retournerions bien nous baigner. Heureusement, nous roulons rapidement en forêt, au frais et prenons notre temps en disant des charades, exercice apprécié des enfants. L’imitation de Bourvil chantant « La tactique du gendarme », « Salade de fruits » ou « Un oranger » rencontre également un fort succès auprès de mon jeune publique.

Après des courses à Günznurg, pour 2 jours (week-end oblige), nous avons du mal à trouver notre chemin jusqu’au camping, le situant près de Legoland. Des habitants nous envoient dans une mauvaise direction et finalement c’est Google qui nous y emmène. Mais l’arrivée nous laisse perplexe car nous tombons sur une fête bruyante avec 50 personnes. La propriétaire du camping/ Hotel/ restaurant / guinguette nous accueille gentiment. Nous nous demandons où nous sommes tombés. Ça crie, ça rigole, ça fait du bruit. Au fur et à mesure que nous nous installons, nous sommes abordés par un convive, puis un autre, l’air de rien. Ils sont tous venus pour fêter l’anniversaire de Samir. Et cette soirée sera inoubliable, la plus chaleureuse, bruyante, excentrique, drôle jamais vécue. Ils nous offrent le diner comme au restaurant, nous cuisent des viandes au barbecue sur mesure ça chante et danse, et nous avons l’impression d’être entré dans un film d’Emir Kusturica.

Nous écoutons des musiques bosniaques :
– Teci Mi Kroz Vene par Kristina Ivanovi
– Put Do Bola par Šerif Konjević
– Biber par Lepa Brena
– Imali Smo, Nismo Znali par Indira
Fin de soirée vers 23h pour nous…

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J9 di 19/7 –  11 km, 51 m deniv
Günznurg. – Legoland – Günznurg

C’est une journée fun à Legoland que nous avons programmé aujourd’hui pour les enfants. Nous faisons l’aller-retour à vélo et passons la journée à explorer ce parc plein de surprises.

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Cumul 291km 3110 m deniv
J10 lu 20/7 –  62 km,  77 m deniv
Günznurg. – Donauwörth

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Cumul 353 km  3187m deniv

J11 ma 21/7 –  42 km,  287 m deniv
Donauwört – Neuburg

Discutions avec Heinrich (Enrique) en espagnol. Suis fatigué. Encore mal dormi avec les voitures passant à 200 m.

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Cumul 395 km, 3474 m deniv

J12 me 22/7 –  20 km,  10 m deniv
Neuburg – Ingolstadt

La veille, il a fait bien chaud et aujourd’hui la météo est vite torride avec un air humide. C’est épuisant, et nous avançons péniblement. Alors que nous avions projeté de parcourir 50 km, nous jetons l’éponge à la mi-journée à Ingolstadt. Nous déjeunons grec sur une place ombragée. En tentant ensuite de visiter la ville nous nous échouons face à un magasin d’alimentation. Nous entamons un manège de transhumance de litres d’eau qui disparaissent à une vitesse fulgurante. Nous décidons de rester cette nuit au camping d’Ingolstadt malgré la poignée de km parcourus. Le camping est au bord d’un plan d’eau qui va faire le bonheur de tous. Nous avons pour voisins un groupe important de la communauté du voyage. Et quand je voie leur parc de Porsche et Mercedes, je préfère largement nos vélos, nous qui sommes aussi du voyage. Couchés à 22h, le ciel est menaçant.

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J13 je 23/7 –  44 km,  100 m deniv
Ingolstadt – Stausacker – Kelheim

Il pleut un peu ce matin, le ciel est couvert et la température agréable. C’est de bon augure pour une nouvelle journée de pédalage.
La fin de journée s’achève dans de très belles gorges du Danube, Weltemburger Enge. Nous profitons de cette particularité géologique pour réaliser une mini croisière et nous rapprocher de Kelheim les mollets au repos, l’œil sur le viseur, le doigt sur le déclencheur. De nombreux cyclistes sont montés également. Estelle est aidée par un couple de cyclistes allemands très sympas. Nous les retrouverons au camping, à quelques km en aval. Il se situe sur des hauteurs et dans une ferme agréable, au milieu d’une végétation au vert intense. Les enfants finissent la journée à courir et tenter d’apprivoiser 2 lapins. Ils sont tous les 4 plein d’énergie. Comme quoi, voyager à vélo ne fatigue pas.

Le dîner débute vers 23h, dans une grange ouverte sur une façade. Il y a là du matériel agricole, notre linge qui sèche, une ampoule qui éclaire faiblement la scène, et une caravane abandonnée, pour le décor d’une pièce en un acte. Comme chaque été, au cours de nos voyages à vélo, nous fêtons ce soir l’anniversaire d’Anaïs. Elle est heureuse et Hugo aussi.

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Cumul 470 km  3.584 m deniv

J14 ve 24/7 –  36 km,  108 m
Kelheim – Regensburg

Nuit très agréable dans ce camping paradisiaque sur les hauteurs au-dessus du Danube. Le petit déjeuner est vite englouti pour aller jouer avec les copains lapins. Je passe un moment à discuter avec une famille de Tolède fort gentille.
A l’heure du déjeuner, nous croisons un couple d’allemands en tandem trike. Le propriétaire a un humour ravageur. Ils sont habitués à partir de chez eux pour y revenir après une boucle en Italie, Espagne ou ailleurs. Leur bolide à assitance électrique a été conçu par Bikerevolution fabricant de trikes près de Vienne.

En longeant le Danube, nous arrivons au camping de Regensburg, à la périphérie de la ville. La piscine municipale touche quasiment le camping. Il y a beaucoup de cyclistes et ça nous semble une bonne adresse.

Pour diner, nous filons dans le centre de la ville très belle. Les pavés ne sont pas toujours agréables, il y a un monde incroyable dans le centre historique. A force de tourner, nous trouvons la possibilité de dîner dans une cour, à l’écart du bruit.
La nuit est par contre moins glorieuse : orage avec une forte activité électrique en début de nuit. Puis 4 jeunes alcoolisés tapent la discute jusqu’à 4h du matin, malgré l’intervention du directeur du camping…une nuit gâchée.

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Cumul 506 km  3.692 m deniv

J15 sa 25/7 –  45 km,  ? m
Regensburg – Straubing

Ce matin, encore endormi, la tête dans le cuissard, tout en démontant la tente, nous voyons les trouble-fête se faire expulser, maigre satisfaction, mais satisfaction tout de même. Elvys est ce matin notre rayon de soleil. Il est arrivé en fin de nuit avec son Surly, il est en route pour l’estuaire du Danube. Roumain, il retourne dans son pays, mais on le croirait fraichement débarqué de Dehli, avec sa barbe et un visage très typé. Il est adorable. Il a vendu sa voiture pour s’acheter son Surly et a décidé de ne plus conduire pour préserver la planète. Sa méthode pour se faire « remarquer » sur les campings : se faire des jus de fruits + légumes maison avec un mixeur manuel. Il faut avoir son temps pour ce type d’opération, avec une famille c’est un peu plus compliqué.
Aujourd’hui, le vent nous pousse et notre vitesse moyenne progresse : 18 km/h.

En route, nous croisons Etienne, toulousain, parti de Strasbourg et étudiant à Paris. Il est fort sympa et nous devons le retrouver le soir au camping de Straubing. Au camping, nous retrouvons les enfants de la famille de Clisson (44) vus sur le registre de la ferme de Kelheim. Le lieu est sympa avec une zone où sont regroupés de cyclos dont des familles, des vélos et des gamins partout. On adore cela !

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Cumul 551 km  3.692 m deniv

J16 di 26/7 –  60 km,  33 m
Straubing – Nesslbach

Longue étape aujourd’hui et elle fait mal. Les 15 derniers km sont difficiles avec des douleurs un peu partout. C’est le pied !

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Cumul 611 km, 3.725 m deniv

J17 lu 27/7 –  38 km,  165 m
Nesslbach – Passau

Nous avons très bien dormi dans ce petit camping simple, sobre comme on les aime. Bon, au réveil, il y a de l’eau dans la tente, les parois se touchant, la pluie a fait son œuvre. Un jeune couple de cyclos suisses est fort embarrassé de ne pas réussir à trouver la personne à qui régler la nuit. Une réaction qui nous surprend.

La route est agréable, nous ne voyons pas les km passer et les relations sont au beau fixe. Nous déjeunons au bord du Danube sur un banc face au soleil.

L’entrée dans la périphérie de Passau n’est pas très agréable. Nous devons rouler le long de grands axes très chargés, bruyants et nauséabonds. Il n’y a plus de chemin de halage ouvert aux vélos. Nous traversons le Danube en longeant un barrage électrique d’une taille imposante et en passant par-dessus une batterie d’écluses impressionnantes.

Le camping de Passau sera un moment fort durant ce séjour à mi-parcours. Nous retrouvons Etienne, Elvys et une famille allemande qui voyage avec un drapeau breton. Et nous allons faire de nouvelles rencontres marquantes.
Après la douche pour rejoindre ce lieu de paix, un orage terrible débarque : d’abord qq gouttes puis un vent à casser des tentes. La plus part des résidents se réfugient dans un bâtiment servant de lieu de pique-nique. Notre tente termine la bataille avec 2 arceaux cassés, des vêtements sur un étendoir tournant ont volé sur une partie du camping tel un feu d’artifice, enfin une tente a bien failli s’envoler. Celle-ci appartient à une famille allemande adorable avec 2 jeunes enfants. Ils possèdent une grande tente Vaude, très verticale. Avant la tornade, je la trouvais extra, beaucoup moins pendant. Johannes propose du scotch toilé pour réparer le matériel cassé.

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Cumul 650 km, 3.890 m deniv

J18 ma 28/7 – 10 km,  20 m
Passau (journée de récupération)

Cette Journée tranquille avec visite de cette ville majestueuse, lavage du linge dans un lavomatic, et quelques achats nous fait du bien.

Passau est une ville bien agréable où 2 affluents (Ilz et Inn) rejoignent le Danube. Cette rencontre a pour effet de doubler le débit du fleuve et changer sa couleur. Nous retrouverons d’ailleurs l’Inn qui prend sa source en Suisse, l’été suivant en quittant le Tyrol italien, lors de notre périple de Venise à Munich. En rentrant au camping, nous croisons la famille de Clisson entrain de lécher des glaces. Il est 20h30 et ils ne sont pas encore passés au camping. Dans notre petit paradis au bord de l’Ilz et à l’écart de la vie trépidante de Passau, nous faisons ce soir de nouvelles rencontres. Car c’est le repère des familles cyclo françaises. Avec François, père d’une famille de Clermont-Ferrand le contact passe tout de suite après l’avoir écouté chanter des chants d’Opéra sous sa douche. La pluie se poursuit durant la nuit.

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J19 me 29/7 –  43,8 km,  324 m
Passau – Inzel.

En sortant de Passau, nous croisons une nouvelle famille, des lyonnais avec 3 garçons très sympas et logistique impressionnante. C’est une rencontre marquante pour la suite de notre périple.
Au déjeuner, nous nous posons près d’un barrage à côté d’une aire de jeux. Une classe fait cuire des pains sur des braises, la pâte entortillée autour d’un bâton. Parfum terrible de pain frais nous vient aux narines. Par l’odeur alléchée…et l’enseignante nous propose d’y goûter. Cela ne se refuse pas !

Nous rejoignent une famille de Maison Laffitte et nous poursuivons la suite du déjeuner ensemble. Nous repartons ensemble et nous nous aventurons avec un plaisir incroyable dans un paysage encaissé, une forêt dense et des méandres majestueux du fleuve. Rien que pour le plaisir, nous passons d’une rive à l’autre avec 2 bacs sous la pluie, espacés de 500 m.

Nous retrouvons le soir au camping d’Inzel, les lyonnais, une famille allemande et la famille de François de Clermont. Avec la pluie à l’arrivée, nous décidons de prendre l’option hôtel, petit déjeuner inclus.
Nous dînons au restaurant à côté des lyonnais puis des mansonniens. Ambiance du lieu est chaleureuse, un petit paradis.

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Cumul 694 km  4.291 m deniv

J20 je 30/7 – 57 km,  625 m
Inzel – Linz

Passons la matinée dans cette vallée encaissée et charmante rappelant vallée du Doubs. Vers midi, c’est l’heure des courses chez Spar avant la traversée du pont. Et toute la caravane est au rendez-vous. L’arrivée à Linz est éprouvante, lorsqu’on se souvient des premiers kilomètres de la journée. Il nous faut suivre sur une piste protégée une Nationale à forte circulation et sur notre piste des cyclistes gros lourds. Juste avant, passage d’une voie de chemin de fer.

Linz vaut son pesant de glaces à l’italienne. Nous retrouvons Arnaud et Natacha, nos nouveaux amis lyonnais pour une improvisée dans Linz : la Cathédrale gothique (superbes vitraux), un palais et l’association Vélorution locale.

Au camping, il y a un groupe cyclo parti de Paris, est en route pour Istanbul. Il y a parmi eux beaucoup d’américain. Le groupe est éclectique, et le camping, pas très grand est saturé, les sardines et les cordes des tentes se croisent.

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Cumul 751 km  4.916 m deniv

J21 ve 31/7 –  45 km,  148 m
Linz – Au

Réveil 6h par le groupe Paris – Istanbul. C’est une Armada de 25 cyclo qui s’étire et l’ambiance du petit-déjeuner près des tentes est fatal au sommeil des lève tard. De plus il fait frais humide ce matin.

Les enfants jouent ce matin avec les lyonnais et vont se baigner.

Journée plate rive gauche mais sportive rive droite. Nous dévions notre route pour aller voir le monastère Saint de St-Florian. Ce sera de loin finalement à cause relief et du temps qu’il nous reste avant de rejoindre le camping repéré.
Sommes partis les premiers et ce soir espace tente est complet, avec les lyonnais et clermontois.

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Cumul 796 km  5.064 m deniv

J22 sa 1/8 –  40 km,  360 m deniv
Au – Willersbach

Tout le monde a bien profité de cette nuit calme, fraîche en fin de nuit. Je suis réveillé vers 6 h par le froid. Belle piste très roulante aujourd’hui.

Au camping de Willersbach, il y a un espace petit mais suffisant pour les cyclos avec leurs tentes. L’ambiance est paisible, au bord du Danube, dans cette vallée légèrement encaissée.

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Cumul 836 km  5.424 m deniv

J23 di 2/8 –  36,5 km,  219 m deniv
Willersbach – Melk

Il pleut à partir de minuit ou 1h. Réveil avec la pluie. Nous profitons d’une légère accalmie, pour ranger la tente. Puis des averses et un plafond bas s’installent. Nous prenons notre petit déjeuner en face du camping un petit bar- restaurant de province alors qu’il pleut abondamment. Nous y retrouvons d’ailleurs la plus part de nos voisins de la nuit.
La route est agréable, malgré la pluie régulière jusqu’à Melk. La pause déjeunée a lieu à Pöchlarn dans la pizzeria Giovanni. Les vélos sont au sec dans à l’entrée d’une agence bancaire.

L’approche de Melk est impressionnante avec l’abbaye surplombant la ville et visible de très loin. Nous faisons le choix de nous poser au sec et l’office du tourisme nous trouve une pension dans le centre avec un local vélo. Prenons notre temps puis nous faisons les touristes dans la ville.

Bonne nuit, rue calme et pension vide en dehors de nous. Les enfants dorment sur leurs matelas gonflable.

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Cumul 872 km  5.643 m deniv

J24 lu 3/8 –  28 km,  239 m deniv
Melk – Rossatz

Nous laissons les vélos à Office du tourisme et croisons François et sa famille au petit déjeuner, avec moult guêpes. La discussion se porte rapidement sur l’abbaye que nous allons visiter ce matin. François nous conseille de passer du temps dans les jardins et sur le polyptyque.

Après une visite riche de l’Abbaye et ses jardins, un déjeuner dans la ville, nous partons en direction de Rossatz. En nous rapprochant de Rossatz, nous évoluons cet après-midi dans une vallée de vignobles et d’abricotiers. Le charme est omniprésent, la vallée est de nouveau encaissée et sinueuse, les vignobles sont principalement sur la rive opposée, des villages, des châteaux ponctuent ce magnifique paysage sur les 2 rives. Nous passons au pied du château Schönbühel du 12e s., encré sur un éperon rocheux de 40 mètres. Il est sublime vu de loin, lorsqu’on le perçoit dans sa totalité. Dans cette riche vallée, on peut même acheter des abricots, des confitures, ou des jus du même fruit en se servant. Le site de Rossatz nous plait et nous décidons de nous y poser pour la nuit.

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Cumul 900 km  5.882 m deniv

J25 ma 4/8 –  36 km,  92 m deniv
Rossatz – Zwentendorf an der Donau

Réveilé à 6h, je profite d’une très belle lumière douce, avant que le soleil ne sorte derrière les montagnes et que les campeurs ne se réveillent. La famille de Maison Lafitte a passé la nuit à coté de nous. Et à 8h le soleil tape dur d’entrée de jeu.

A la sortie du camping, la traversée du Danube pour rejoindre Dürnstein est sportive avec les vélos bien chargés dans un petit bac. Visite de l’église de Dürnstein en face du camping et de la ville, puis nous repartons gaiement à travers les vignobles.

L’après-midi, nous nous réfugions à la piscine de Krems durant les heures chaude (34 degrés). Cette piscine plein air est suffisamment grande pour accueillir un monde fou dans d’excellentes conditions. Nous allons d’ailleurs apprécier durant ce séjour la qualité des infrastructures germaniques et notamment les établissements aquatiques. Après des courses, dans un magasin de sport pour acquérir un nouveau matelas de couchage, nous repartons pour notre 2e partie de journée. Il nous reste 25 km environ et il est 18h30. En chemin, nous rencontrons un strasbourgeois solitaire, la tête un peu trop dans le guidon. Il ne fait que rouler mais ne profite pas du paysage, de ce qu’il croise sur son chemin. La route est par moment en forêt et fraîche, si non très monotone. Par moment, nous apprécions des vagues d’air frais lorsque nous sommes tout proches du fleuve.
Nous arrivons au camping avant le coucher du soleil, mais c’est sportif. Il fait vite nuit et je plante la tente sans double toit pour profiter de l’air et des étoiles.

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Cumul 936 km  5.974 m deniv

41 km,  51 m deniv
Zwentendorf – Klosterneuburg

977 km parcouru, pas de crevaison sauf 1 matelas…déjà remplacé ! Nous avons retrouvé nos familles préférées : les lyonnais, les mansonniens et des germanique. Il ne manque que les clermontois pour que le tableau soit complet. Dès demain, nous comptons commencer la visite de Vienne. Le camping de Klosterneuburg est une base de campement idéal. Loin d’une grande ville comme Vienne, nous dormons dans d’excellentes conditions avec cette chaleur. Les nuits sont calmes et plus fraîches de 5 à 6 degrés. Depuis Klosterneuburg, on peut rejoindre Vienne à vélo en longeant le Danube ou en Bus + métro. En face du camping, il y a encore une piscine magnifique. Rien que les douches sont impressionnantes, quand on compare avec celles de Belleville.

Sur la route, nous avons trouvé des sacs en toile de jute ayant servis à transporter des grains de café depuis le Honduras. Ils nous servirons à regrouper nos sacoches par lots de 3 ou 4 afin de limiter à 1 bagage cabine par personne pour le vol retour.

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Cumul 977 km  5.974 m deniv

J27 je 6/8 – Vienne

A Vienne, nous scrutons les réalisations architecturales du peintre Hundertwasser, avec ses créations graphiques, inspiré par Gaudi. Et chez lui, les maisons, les copropriétés, les usines sont cernées par le végétal. Nous errons dans la ville, dégustons, dévorons les glaces fabuleuse du glacier Zanini Zanini. Nous trouvons le frais dans le Musée Schiele (donation).

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J28 ve 7/8 – Vienne

Après un déplacement en transports en commun, nous partons ce jour pour Vienne en train + vélo. Nous commençons notre périple par l’usine de retraitement des déchets réalisée par Hundertwasser. Nous sommes face à une œuvre d’art intelligente, drôle, attirante.
Durant notre journée à Vienne, nous visitons le zoo et sillonnons la ville à vélo. Nous faisons le retour à vélo complet.

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Cumul 1001s km 6.137 m deniv

J29 sa 8/8 – Vienne
Nous quittons avec émotion ce chouette camping et surtout ces familles avec qui nous avons tant partagé ces 10 jours. Clap de fin avec une photo de groupe joyeuse, en noir et blanc pour la nostalgie. En validant le vol retour, je sais que nous ne trouverons pas de cartons à l’aéroport. Des appels à des vélocistes viennois nous aiguillent chez Ciclopia et son chef atelier. Il nous déballe 4 cartons vélo. Lorsque nous les récupérons, il est stressé à l’idée qu’un dérailleur soit cassé. Cet homme charmant est un grand sensible et il nous touche beaucoup.

Température 38 à Vienne et 30 la nuit. Il fait terriblement chaud pour cette dernière nuit passé dans un appartement. Je passe la soirée à démonter les vélos et les mettre en carton. Le Pino résiste : il me faut retirer le siège baquet avant pour pouvoir le séparé en 2.

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Cumul 1016 km  6.328 m deniv

J30 di 9/8 – Vienne – Paris

Je suis encore à mettre en carton le Pino lorsque le taxi maxi-cab arrive à l’heure demandée. Il ne parle pas un mot d’anglais et va rapidement être très énervé par le retard pris et la difficulté à faire entrer 4 cartons vélo dans son véhicule. La fin se termine sans difficulté particulière.

Nous conserverons de ce séjour un souvenir de très beaux paysages changeant le long d’un fleuve en rien uniforme. Sur les 900 km parcourus le long de ses rives, nous avons été charmé et intrigué par la transformation régulière de cette voie fluviale, seconde par sa longueur en Europe. Nous avons trouvé magiques certaines villes traversées comme Regensburg, Passau, Vienne. Et puis nous avons vécu des moments intenses avec des cyclos solo ou en famille, des moments de partage, des sourires, des rires. Et en 4 semaines, nous n’avons dormi que 2 nuits en hôtel et l’essentiel sous la tente. Le bonheur d’être une tortue.

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