Canal de Bourgogne été 2013 : 250 km à vélo de Migennes à Dijon en 10 jours

En 2012, nous avions roulé dans le sud-est de la Bourgogne, une révélation. Enchantés par les paysages, collines, rives de la Saône, patrimoine architectural et accueil des habitants, nous poursuivons cet été 2013 la découverte de cette région par le nord, de l’Yonne à la Saône. En 10 jours, nous allons parcourir 250 km, croiser de nombreux bateaux et beaucoup moins de vélos, observer quantité de hérons et de rapaces. Nous allons alterner entre campings et chambres d’hôtes, croiser souvent en route des familles cyclo de tailles et nationalités variées.

 

Pour notre première nuit sous la tente il a plu, et ce matin le temps est doux avec de beaux nuages d’altitude. Entrés en Bourgogne par Auxerre, nous laissons notre véhicule à explosion en pension à Migennes pour la durée de notre périple. Nous quittons le camping excités à l’idée de retrouver ces sensations que nous aimons tant lors de ces séjours itinérants. Estelle chevauche son Treck alu, 26 pouces, et tracte Anaïs (5 ans) en FollowMe-Tandem. Pour la première fois, celle-ci voyage avec son vélo 14 pouces. Hugo (6 ans et ½) est autonome depuis l’été dernier sur un Décathlon. Au fil du voyage, sa monture va s’avérer inadaptée car plus tout à fait à sa taille. Hugo a beaucoup grandit et nous ne nous sommes pas rendu compte de ce détail avant de partir. De plus, il est temps pour Hugo de rouler avec des vitesses afin de gagner en puissance. Le passage à un cadre alu, 20 pouces de chez BMC un mois plus tard lui redonnera de l’aisance et donc plus de plaisir. Enfin, le narrateur de ce récit chevauche un cadre acier Surly 26 pouces et tire une remorque transportant le matériel de camping. Lorsque Anaïs a besoin de récupérer, elle s’installe derrière moi sur un siège enfant et son vélo est attaché sur la remorque.

Notre voyage commence au matin du 29 juillet à Migennes, extrémité Est du canal, là où il se déverse dans l’Yonne. Pour démarrer, le choix de la bonne rive n’est pas aisé car il n’y a aucune indication au début de la voie verte. Il faut d’ailleurs attendre d’arriver dans le Tonnerrois pour commencer à rencontrer un balisage digne de ce nom.

Pour notre premier pique-nique, nous nous arrêtons face à une écluse. Les enfants sont tout de suite  intéressés d’autant qu’un bateau se présente rapidement. Nous aidons avec joie et énergie l’éclusière à manœuvrer une des portes amont du sas. Hugo très intéressé par la pêche à la ligne cet été, cherche de quoi se confectionner une canne de fortune. Un bout de roseau, une herbe un peu longue et l’imaginaire fait le reste dans l’espoir d’une pêche miraculeuse pour le dîner. L’après-midi, nous visitons la belle ville de St Florentin. Anaïs s’est endormie dans son siège et nous admirons la magnifique façade de l’église, perchée sur les hauteurs de la ville.
Pour rejoindre la chambre d’hôte à Germigny, il nous faut nous éloigner du canal et longer des champs de céréales fraîchement fauchés. Cette ancienne ferme a conservé une magnifique basse-cour avec chèvres, poules, cochons et chevaux, pour la plus grande joie des enfants ! Le patron, Yvon, est chaleureux et possède un talent incroyable pour accueillir ses invités : repas comme chez des amis et discussions sans fin.

Le lendemain, le parcours est toujours aussi varié : le chemin alterne entre bande d’herbe centrale, terrain perforé de nids de poule ou stabilisé très roulant. Comme la veille, ce parcours exigeant fait souffrir notre jeune athlète.

A l’heure du déjeuner, nous allons vivre un moment inattendu. Vers 13h30, nous avons quitté le canal à la recherche de mets délicats dans la petite ville de Flogny-la-Chapelle. Le seul établissement montrant un signe de vie est le Restaurant de la Poste, une pizzeria. Hugo s’imagine déjà en train de dévorer une calzone géante et Anaïs rêve d’un jus d’ananas avec sa paille rose. Un quart d’heure plus tard, nous jouons aux moineaux avec quelques biscuits au milieu d’un centre commercial désert, attendant qu’un café ouvre ses portes, le restaurateur ayant refusé de nous servir. Ce sera le premier bémol de ce séjour, le second ne tarde pas à arriver. En milieu d’après-midi, au moment où Anaïs laisse sa place à son frère sur le siège derrière moi, la béquille casse net. Je récupère sur le genou et la cuisse le cadre de mon vélo avec toute sa charge augmentée du poids d’Hugo et la remorque. Au final, plus de peur que de mal, grâce à la chance et à l’efficacité de l’arnica.
En fin d’après-midi, nous arrivons au camping de Tonnerre, fort bien situé au bord du canal. Nous sommes entourés de familles cyclo néerlandaises, des voisins paisibles par nature.
Très couvert ce matin, le ciel s’ouvre au fur et mesure de la journée. A l’heure du pique-nique, nous nous posons au château Renaissance de Tanlay, sous le soleil. Invisible depuis le village, nous découvrons un joyau une fois à l’intérieur de la première cour, premier écrin. Il est entouré d’eau et un agréable parc, derrière un mur imposant, complète ce décor charmant. Après un déjeuner sur l’herbe, nous participons à une visite guidée du château. Il est parfois difficile d’obtenir des enfants le silence réclamé maintes fois par la guide. Quoiqu’il en soit, ils seront intéressés à différents moments dans cette luxueuse demeure. Une salle des trophées de chasse impressionne Hugo qui repartirait bien avec une tête de cerf ou de biche. Toujours habité, cette demeure est restée dans son jus avec mobilier et décors d’époque. Il est plein de charme et de caractère.
A Ancy-le-Franck, nous sommes ce soir dans un hôtel en centre-ville. Nous n’avons pas le temps de profiter de la piscine, par contre nous dînons en terrasse au son d’un groupe de jazz swing et ça c’est top !

Les prochaines 48 heures s’annoncent très chaudes, avec un mercure proche de 40° C. Aussi, nous choisissons de rouler le matin afin d’arriver à destination pour midi. Du chemin de halage, Estelle aperçoit un jardin public à la végétation accueillante, au pied de Montbard. Epuisés, nous y faisons halte pour pique-niquer et recharger nos batteries. Après avoir pris notre temps, nous attaquons vers 15h l’ascension de la ville afin de rejoindre par de petites rues le camping municipal. La chance est aujourd’hui avec nous, car nous trouvons rapidement un emplacement préservé du soleil et qui le restera jusqu’au lendemain 9h. Nous avons pour voisins un couple cyclo avec un jeune enfant, originaires des rives du canal du Nivernais.

Une des qualités de ce camping, c’est de jouxter un centre aquatique, dont l’accès est offert aux campeurs. Avec cette forte chaleur, c’est un refuge idéal pour une deuxième partie d’après-midi. Hugo qui a commencé à suivre des cours de natations le mois dernier me montre les progrès réalisés. Et chose incroyable, il n’a plus d’appréhension pour se jeter dans le grand bassin sans bouée ou brassière. Le papa reste baba !

Encore une journée difficile et sans doute la plus éprouvante de notre périple. Hugo se plaint rapidement de courbatures et il faut trouver les mots réconfortants pour le remotiver. Nous avons pour compagnon d’infortune un vent chaud de face alors que l’ombre se fait désirer. L’équipage arrive vers 13h30 dans un état plus lamentable que la veille à Venarey-les-Laumes. Le déjeuner est pris au bord du canal, mais les enfants préfèrent se détendre en jouant à la balançoire. En prévision d’un fort orage à venir cette nuit, nous choisissons au camping un emplacement abrité derrière une butte. Une fois installés, nous allons nous baigner sur le plan d’eau qui jouxte le camping. Pendant que nous avons les pieds au frais, un impressionnant convoi passe à quelques câbles de frein. Ils sont six à vélo dont quatre enfants. Au retour de la baignade, nous les retrouvons en train de monter leur camp et la discussion démarre naturellement. Nous racontons nos expériences respectives et partageons nos interrogations sur la nuit à venir.

Le vent de la nuit me tient éveillé et cette situation me rappelle un séjour en Patagonie. A partir d’une heure du matin, cela a bien soufflé. Mais ce ne fut pas aussi terrible qu’annoncé sur le secteur.

Ce matin, nous poursuivons notre périple par une ascension hors catégorie afin de rejoindre le village d’Alise-Sainte-Reine, dite Alésia. Nous accompagnons nos vélos à pied et les enfants marchent à nos côtés. Cet effort est sublimé par l’idée d’un déjeuner qui s’annonce exquis à l’Auberge du Cheval Blanc :

Soupe froide tomate écrevisse
Foie gras avec petits légumes croquants
Filet de charolais
Fromage chaource
Framboisier sur biscuit avec glace

Après avoir salué la sculpture de Vercingétorix au plus haut point du village, nous rejoignons le canal par une descente vertigineuse, le repas aidant à la prise de vitesse. Nous passons aujourd’hui l’échelle d’écluses, c’est-à-dire une série d’écluses rapprochées. Le parcours n’est pas rectiligne du coup il n’est pas possible de profiter d’une perspective de l’ensemble. Par contre, on sent bien dans les jambes la succession de murs à passer. Nous quittons le canal à Marigny-le-Cahouët. En nous rapprochant de Sainte-Colombe, le paysage se métamorphose : vert intense, vallonné, une petite route sinueuse, de magnifiques troupeaux, quelques corps de ferme sur les coteaux. Nous terminons le parcours à pied, une dernière fois pour la journée et arrivons au château vers 19h. Pour un final (bêtement) en beauté, nous escaladons, presque en rappel, une rue terrible qui nous fait contourner le château alors qu’il suffisait de poursuivre notre route devenue horizontale pour arriver devant l’entrée. Nous sommes accueillis chaleureusement par la responsable du gîte. Le site magnifique, du 15e siècle, abrite aussi un centre d’Art Contemporain. Le bâtiment forme un « L » autour d’une grande cour et une terrasse offre une belle vue sur la vallée et le bas du village. Etrange impression d’avoir quitté la Bourgogne pour un village de montagne.

Nous nous réveillons au château après une très bonne nuit. A partir de 7h, une brocante se met en place dans la cour dans une ambiance festive. Ce site est vraiment magnifique et paisible.
Nous quittons Sainte-Colombe pour une balade tranquille dans l’air frais du matin. Après une magnifique descente, nous rejoignons le canal et croisons un pêcheur. Lui-même à vélo, il nous rattrape un peu plus loin. Nous entamons la discussion et Hugo est tellement intéressé, qu’il ne le quitte plu. Et lorsque son copain pêcheur s’éloigne à la recherche d’un nouvel emplacement, Hugo lui prend la roue, comme dans une échappée de la Grande Boucle.
Arrivés vers 15h à Pouilly, nous commençons par rendre visite au toueur, vieille péniche électrique qui tractait des convois sous le tunnel de Pouilly à la fin du19e et début du 20e siècle. Elle permettait aux péniches tractées par effort musculaire (chevaux ou humains) de passer et de réduire la durée de traversée des 3,3 km, passée de 10h à 2h pour les péniches motorisées.

Nous nous posons dans un agréable camping qui vient d’être repris par un couple de parisiens ; accueil très agréable. Nous faisons une rencontre sympa avec Claude, chaleureux cyclo-campeur électrifié. Il a quitté Paris pour rejoindre Dole avec sa bicyclette Moustache, habituée des voyages au long-cours. Il n’hésite pas à faire essayer son bolide à tous les cyclistes qui s’arrêtent pour discuter.

Le trajet jusqu’à la retenue d’eau de Panthier est une petite sortie agréable, et cela nous convient tout à fait car il a fait encore très chaud ce 7e jour. Nous quittons Pouilly en roulant au-dessus du tunnel. Nous passons ainsi à côté des 32 puits qui servirent à l’édification de l’ouvrage, percements verticaux qui furent reliés entre eux pour finaliser le tunnel. Le bief de partage, point le plus haut du canal se trouve à Pouilly et est alimenté par le lac de Panthier.

Anaïs a passé allègrement ses premières bosses en solo mais descentes avec quelques bleus. Lancée dans une belle descente, elle a finie dans la tranchée d’un fossé. Sa motivation n’est, heureusement, pas entamée. De l’autre côté du tunnel, nous avons l’agréable surprise de retrouver la famille de 4 enfants rencontrée au camping de Venarey-Lès-Laumes. Nous rejoignons ensuite le lac Panthier où nous devons camper cette nuit.

Le lendemain, un  orage terrible déboule sur le lac alors que nous plions la tente. En quelques minutes, il tombe des volumes d’eau fantastiques. Estelle et les enfants se réfugient dans le camping-car le plus proche. Je fais de mon mieux pour protéger ce qui peut l’être de la pluie puis je rejoins toute la troupe. Nos hôtes néerlandais nous accueillent avec un grand sourire. Nous passons une bonne heure en leur compagnie, le temps d’éviter des convois de grêlons et des litres de pluie.
Nous déjeunons dans le beau village de Châteauneuf, accroché à une colline qu’il nous faut escalader à pied. De l’autre côté, la descente est joyeuse, puis nous enchaînons sur une belle balade le long du canal dans la vallée de l’Ouche.
De nouveaux orages sont annoncé pour cette nuit et décidons de faire étape un hôtel à Pont-de-Pany au lieu du camping de Sainte-Marie-sur-Ouche. Et c’est une bonne pioche car un bel orage avec grêlons débarque pendant la douche et le ciel est encore électrique vers 23h.

Je m’occupe du séchage de la tente ce matin après qu’elle ait pris la pluie toute la nuit, étendue dehors. Idem pour la bâche qui un lieu d’accueil pour une colonie de limaces. Grâce à un beau soleil, nous pouvons repartir avec notre matériel quasiment sec.
Le petit-déjeuner est tranquille, seuls avec les patrons au bar. Ils ont fait l’essentiel de leur carrière en tenant une brasserie sur Dijon, puis acheté cet hôtel en 2003. Ils voudraient prendre leur retraite mais ne trouvent pas de repreneurs, à 66 ans.
A partir de là, la piste est bitumée, rares km sur les 250.
Le ciel est menaçant et nous aurons une pluie éparse à l’heure du déjeuner. La balade dans la vallée reste sympa, même si la proximité de l’autoroute la rend moins agréable que précédemment. Ça sent la fin du voyage.
Hugo profite de ces derniers kilomètres pour s’émerveiller encore des hérons que nous dérangeons au dernier moment par notre approche silencieuse. L’un d’entre eux, courroucé, s’éloigne en hurlant.
Pique-nique au bord du lac, à l’entrée de Dijon. Les enfants en profitent pour nourrir les poules d’eau et nous des derniers instants au milieu de la nature avant de rejoindre l’environnement urbain.

Le lendemain, pendant que je récupère la voiture à Migennes, le reste de la troupe visite Dijon. Ainsi s’achève ce beau périple bourguignon. Ce séjour a encore été à la hauteur de nos espérances. Le vélo est un sésame incroyable pour découvrir les paysages, aller à la rencontre des populations, ouvrir des portes et vivre autrement avec nos enfants. C’est un outil pédagogique pour leur permettre de découvrir le monde. Comme dit si bien notre ami Emmanuel des Six en Selles, « le vélo c’est magique ! ».

Pour préparer son voyage à vélo, voici quelques liens utiles.

AF3V : http://www.af3v.org/-Fiche-VVV-.html?voie=41

La Bourgogne à vélo : http://www.le-tour-de-bourgogne-a-velo.com/

Le guide papier Le Tour de la Bourgogne à vélo : http://www.chamina.com/produit/le-tour-de-bourgogne-a-velo-131/

Les écluses : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cluse

 

Matériel vélo :

Tandem follow-me : http://www.followme-tandem.be/

 

Lieux visités :

Château de Tanlay : http://www.chateaudetanlay.fr/

Gîte de Sainte Colombe : http://www.chateau-saintecolombe-arcade.com/

Camping de Pouilly : www.camping-vert-auxois.fr/

Le canal de Bourgogne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Canal_de_Bourgogne

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