Eté 2012: vélo en Bourgogne du Sud

Comme chaque été, nous partons à la découverte des voies vertes de France avec nos jeunes enfants. Cette année, la grande nouveauté arrive par Hugo. Il a commencé à rouler seul depuis la Toussaint 2011 le long du canal du Nivernais. Il va pouvoir rouler durant ces 8 jours selon son envie, en solo, en tandem avec Estelle ou bien se poser sur un siège derrière l’un de nous deux. Ce changement ne nous permet pas de prendre la remorque ; pas de camping et nous dormirons ainsi chaque nuit en hôtel ou chambre d’hôte sur cette boucle Chalon-Mâcon-Chalon.

Le 29 juillet, nous passons notre seconde nuit en Bourgogne dans un hôtel fort agréable à Buxy. La piscine y est pour beaucoup après une demi-journée de vélo sous un soleil généreux, depuis Chalon-sur-Saône. Maillots, brassières, bouées bien calés et nous traversons l’hôtel ainsi déguisés avec Hugo (5ans) et Anaïs (4 ans) très motivés. Avant le dîner, les enfants pourront même faire un tour de manège dans une fête foraine installée dans le village. A Chalon, nous avons rencontré quelques difficultés pour trouver la voie verte qui mène à Cluny. Hugo au top de sa motivation avait hâte d’être lâché tel un fauve. Il va rapidement intégrer les rudiments de base en écoutant nos conseils : arrêts aux croisements et tenir sa droite lors de rencontre avec d’autres vélos.

Le lendemain, nous quittons rapidement la voie verte pour rallonger le trajet et découvrir de belles églises romanes comme la chapelle de Bragny.  Nous passons la nuit dans une belle demeure bourgeoise de 1914, à St Gengoux-le-National. Le grand-père du propriétaire fit fortune dans la tannerie puis fut malheureusement rapidement ruiné par le fameux Emprunt russe. La première Guerre Mondiale ne fit qu’aggraver la situation économique de cette famille.  Cette demeure regorge des trésors forts appréciés par Hugo et Anaïs. De nombreuses peluches de tout poil, de toutes tailles occupent la suite familiale et le palier du dernier étage où celle-ci se situe. Au petit-déjeuner, nous faisons la connaissance de deux  jeunes allemands en route pour St Jacques, un couple de randonneurs  et Francis, cycliste d’Anvers. Ce dernier travaille dans l’aluminium extrudé et sa société produit de grands profilés pour Alstom, Bombardier (trains) ainsi que des mats de bateau.  Le lendemain, nous apprécions le grand parc entourant la chambre d’hôte, et les enfants s’intéressent particulièrement à une mini mare de 4m² où logeraient des grenouilles. On pourrait y passer la journée tellement ils sont captivés.

Durant cette journée du 31 juillet, nous quittons encore une fois la voie verte pour suivre une nouvelle boucle proposée sur la carte «  Voies Vertes & Cyclotourisme – Bourgogne du Sud » et aller chasser châteaux et belles églises romanes. Face au magnifique château médiéval de Sercy, nous à discutons un grand amoureux du patrimoine de la région qui a quitté Paris puis Lyon pour s’installer dans la région.

Nous passons la nuit à la Filaterie de Cormatin. Ancien moulin transformé en filaterie au XIXe siècle, nous sommes logés dans ce qui était les logements des ouvriers. Employant jusqu’à 200 personnes, ils recyclaient les crinières pour en faire des cordes tressées. Elles servaient pour réaliser des meubles, des chaises. De nombreuses hirondelles nichent au rez-de-chaussée et excite la curiosité des juniors.

Le lendemain, nous visitons une chèvrerie à Lys, ce qui enchante nos enfants. Avec 170 têtes, ça en fait des caresses. Au loin, nous entendons les cloches de Cluny. Quelle gamme de sons harmonieux ! En arrivant par la voie verte, nous percevons l’importante de l’abbaye et son emprise dans la ville. La chambre d’hôte est sur l’ancien site de l’Abbaye qui s’étendait au-delà de ce qui est visible aujourd’hui. En effet, une immense partie fut détruite lors de la Révolution Française. On le perçoit très bien avec un plan gigantesque marqueté de pierres. Nous sommes donc accueillis dans une belle demeure bourgeoise avec un beau jardin. Malheureusement la suite familiale est surchauffée et ce n’est pas ici que nous profiterons de notre meilleure nuit. La visite de l’Abbaye est impressionnante par la beauté architecturale du site, sa dimension et des reconstitutions 3D des pans disparus aident l’imaginaire à nous projeter dans le passé. Au dîner, nous croisons Francis se promenant dans les rues avec son vélo, belle surprise.

Le lendemain, mercredi 1er août, nous partons tardivement et je me fais taper sur les doigts car je suis un incorrigible bavard. Chaque jour est une occasion d’apprendre de nos hôtes sur leur vie et ces maisons où l’on nous loge. Avec le propriétaire du gîte nous discutons ce matin des aménagements des voies de cyclables. Il a travaillé en tant que chef de projet sur des réseaux de transports en commun pour de grandes agglomérations. Une fois (enfin) partis, nous surveillons sur notre carte le moment où nous allons rencontrer le fameux tunnel de Bois Clair, long de 1,6 km, sur une ancienne voie de chemin de fer. Il y fait 10° et 30° dehors ce jour-là, et percevons une fraicheur intense bien avant de passer sous la montagne. Du coup nous habillons nos cyclistes juniors. Dans ce boyau vit (a vécu ?) une colonie de chauve-souris. Malheureusement, il semble qu’il n’y ait plus âme qui vive. Vers 16h, nous arrivons à Mâcon et faisons une pose ravitaillement au bord de la Saône. C’est l’occasion de marquer la mi-parcours, car en rejoignant la Voie Bleue, nous entamons la remontée sur Chalon. Nous nous posons ce soir dans un motel à Sancé, presqu’au bord du fleuve. Nous faisons un passage éclair à la piscine mais l’orage siffle la fin de la partie. Le dîner est extra: crémant avec une liqueur d’amande en apéritif, foie gras poêlé aux pommes, filet de bœuf en sauce et pommes de terre, glace meringuée, Givry 1er cru. Heureusement que nous pédalons le lendemain !

Encore une très belle journée et 33 degrés sur les vélos. Hugo a pédalé comme un chef, Estelle a crevé et s’est foulé un pouce, Anaïs a embrassé un bouquet d’orties. Depuis hier fin de journée, nous roulons donc le long de la belle Voie Bleue, tranquille. Pas achevée à certains endroits avec de gros cailloux casse déstabilisants ou fraîchement bitumé à d’autres, c’est l’aventure et la progression est du coup moins rapide. En arrivant à Tournus, il faut un peu grimper pour rejoindre la vieille ville et le parvis de l’église Saint-Philibert, ancien monastère bénédictin. Une fois au motel, nous piquons une tête dans la piscine. Le soir, nous accompagnons une belle pièce de bœuf + pomme terre four avec un Volnay.

Réveil matinal avec Hugo qui a fait copain-copain avec un moustique à 6h du matin. Le patron du motel est très sympa et post-soixante-huitard. Ils attendaient la Voie Bleue depuis 9 ans, qui pour l’instant relie Mâcon à Tournus. Et ils sont forcément enchantés de nous voir ainsi avec cuissards, vélos et jeunes enfants. Après Tournus, le revêtement passe en mode piste et à défaut de croiser des vélos, nous voyons quantité de pêcheurs. Certains nous impressionnent avec leurs installations industrielles et jusqu’à 10 cannes parallèles. Ce tronçon paisible, qui n’est pas encore aménagé, pourrait finalement être balisé sans attendre les aménagements de voirie prévus. A forcer de rouler sur un mélange de chemins de halage et de prairies, nous finissons par quitter la Saône pour aller plus vite. Nous sommes un peu en retard sur notre programme et nous dormons ce soir à Chalon. Arrivant à destination, nous trouvons une piste bien pratique pour entrer dans Chalon. Nous croisons deux cyclo jeunes et drôles, un peu Don Quichotte et Sancho Panza, en partance pour le sud, ça va de soi. Je me demande d’ailleurs s’ils ont des cartes pour s’orienter. Une fois arrivé au dernier tour de manivelle, dernier coup de patin, les retrouvailles sont très sympas à l’hôtel et nous retrouvons la même chambre sous les toits lors de notre premier passage, toujours bien au chaud. Pour notre dernière soirée, nous dînons chez un traiteur italien divin avec un agréable Villa Antinori 2008 de Toscane sur l’île St Laurent.

Ainsi s’achève cette boucle du Sud de la Bourgogne. Nous avons été émerveillés par le patrimoine de cette belle région, surtout le long de la voie verte de Chalon à Mâcon. Mais il est également très intéressant de découvrir cette liaison le long de la Saône. Faire la boucle complète est accessible à tous dès maintenant. Il nous reste une saveur forte agréable de ce séjour, et au cœur de l’hiver nous imaginons déjà notre prochain séjour bourguignon avec cette fois-ci deux enfants autonomes.

 

 

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