Bordeaux-Bayonnes à vélo, été 2011

Chaque été, nous reprenons goût aux joies du nomadisme à vélo. Et quel plaisir à l’idée d’écouter de nouveau le chant des pistes et que nous allons partager ces moments uniques avec nos jeunes enfants. Après un périple de Tour à Nantes en 2010, notre choix s’est porté cet été sur la côte Atlantique. L’axe est célèbre chez les cyclo car il permet de relier le delta de la Gironde au Pays Basque. Ce seront quinze jours pour le meilleur, mais pas uniquement…

 

J1 Mérignac à Lacanau lac, distance 53,6 km

Mardi 1er août, nous quittons la maison d’Anne et Stéphane à Mérignac. Nous laissons notre voiture pour la durée de notre périple. L’idée est de rallier Bayonne par les pistes, puis de remonter sur Bordeaux en train. Hugo 4 ans et Anaïs 3 ans sont naturellement de la partie et cela nécessite une logistique particulière. Ainsi, je tracte la carriole 2 places, encore pratique cette année pour les siestes. Mon vélo embarque quelques bagages à l’avant et un siège à l’arrière pour Hugo. Estelle tire la remorque avec le matériel de camping et transporte des sacoches à l’avant ainsi qu’un siège à l’arrière pour Anaïs. Les étapes sont déjà établies et vont globalement peu changer durant notre voyage.

Après quelques hésitations, nous trouvons à Saint Médard l’ancienne voie de chemin de fer qui reliait Bordeaux à Lacanau Océan jusqu’en 1978. Le temps est lourd, très chaud et nous espérons enfin trouver de l’ombre sur la piste, mais les arbres sont tellement bien espacés de part et d’autre de la voie et par conséquent nous profitons pleinement des rayons du soleil. Nous pique-niquons face une ancienne gare, patrimoine fort bien entretenu tout le long de la piste. Une vielle locomotive à charbon y a pris sa retraite et les enfants profitent des jeux. A l’arrivée, le camping est simple. Il semble que le taux d’occupation soit proche de la saturation. C’est un avant-goût de ce qui nous attend durant ce périple. On nous propose un emplacement correct, pas trop loin des douches, ce qui est pratique avec nos jeunes enfants. Un petit chat tout mignon est la star du camping. Il est rapidement suivi par une horde d’enfants. Chacun veut le toucher ou le porter dans ses bras. Anaïs est aux avant-postes. C’est la fête au camping !

 

J2 Lacanau lac à Andernos-les-Bains, distance 32 km

Sur une autre ancienne voie de chemin de fer désaffectée, nous poursuivons notre migration vers le sud en direction du Bassin d’Arcachon. La piste est toujours aussi roulante et rectiligne, voir monotone. Nous traversons des forêts de pins et de fougères luxuriantes, nous humons des parfums puissants après les pluies abondantes de la nuit. La piste est calme. Nous croisons plus de nuages que de cyclistes.

Le camping d’Andernos-les-Bains est situé à la sortie de la ville et au bord du Bassin. Nous sommes placés loin du centre. C’est une bonne nouvelle sachant qu’une soirée disco est programmée pour notre seconde soirée ici. Les voisins sont calmes, ça semble bien se présenter. Hugo se voit offrir un ballon gonflable par de jeunes allemands. La fête continue !

 

J3 Journée de repos à Andernos-les-Bains, distance 0 km

Cette journée nous permet de profiter de la piscine et de la plage, ainsi que de découvrir cette ville balnéaire pleine de charme. Au dîner, en terrasse, nous avons l’occasion d’observer de très près un frelon asiatique. Il est fort intéressé à un morceau de steak haché abandonné dans l’assiette d’Anaïs. Cette grosse bête utilise ses mandibules pour découper des petits morceaux qu’il emmène ensuite vers son nid. Cette séance d’observation nous permet de mieux comprendre l’aisance de cet insecte à décapiter une abeille. De retour au camping, la soirée Club commence à l’heure. Manque de chance, le site choisi n’est à quelques décamètres des parois fines de notre habitat. J’emmène tout de même les loulous y faire un tour, mais les décibels sont tellement élevées que nous battons en retraite. Il ne nous reste plus qu’à patienter jusqu’à minuit pour trouver le sommeil.

Ma cheville va mieux mais reste douloureuse pour dormir sous la tente. C’est un bête souvenir d’un chouette pique-nique au parc des Buttes-Chaumont, le pied posé au mauvais endroit avec Anaïs sur les épaules, 8 jours avant de partir. Heureusement, je ne suis pas gêné sur mon vélo. Il me faut simplement éviter d’utiliser ma cale automatique droite pour quelques jours.

 

J4 Andernos-les-Bains à Dunes du Pyla, distance 42 km

Nous quittons Andernos-les-Bains avec plaisir, mais nous sommes loin d’imaginer ce qui nous attend aux dunes du Pyla, ni les difficultés de la fin de parcours. En chemin, nous sommes rejoints par deux jeunes pèlerins équipés de vélos de course et d’une carriole. Ils sont partis du Mans et font route pour les JMJ qui se déroulent à Madrid cet été. Nous roulons quelques kilomètres ensemble et partageons nos expériences réciproques. Ils nous racontent notamment comment les JMJ et leur foi leur ont donné envie de vivre cette première expérience à vélo. Nous contournons le Bassin d’Arcachon, mais ne voyons malheureusement jamais ses rives ni sa couleur. La piste longe inlassablement une départementale jusqu’aux dunes. La traversée en bateau aurait sans doute été plus agréable, tout au moins, cela nous aurait permis de profiter des paysages marins. Les six derniers kilomètres sont pénibles. La piste suit le profil des dunes qui ondule avec des pourcentages qui obligent par moments à mettre pied à terre et pousser le convoi lorsque reculer devient inévitable. Une fois au camping, nous sommes obligés de patienter qu’une place se libère, il fait encore  bien chaud et nous ne sommes pas seuls. Le prix n’est pas pour nous plaire, 45 € pour poser la tente, avec ou sans voiture. Notre matériel est enfin posé au pied de la dune et nous sommes fascinés par les proportions de ce mur. Pendant la mise en place du camp, les enfants en profitent pour s’entrainer à l’escalade : pirouettes, galipettes et éclats de rire. Le soir, nous dinons au restaurant du camping. Nous aspirons au calme et comme si nous avions écouté, nous sommes propulsés dans l’ambiance « camping » avec sono à fond durant tout le repas.

 

J5 Journée de repos aux dunes du Pyla, distance 15 km

Nous réservons cette journée aux enfants avec visite du zoo de la Teste-de-Buch. La météo n’est pas terrible, mais l’observation des animaux est toujours un moment fort pour nos enfants et notamment Hugo. Le soir, je vais rapidement regretter de ne pas avoir pensé à ramener avec félin dans la carriole. De minuit jusqu’au retour de la pluie à 4H30, des singes hurleurs vont grimper et descendre avec une discrétion sans pareil. Bref, Pyla c’est magnifique, mais ses habitants sont insupportables. Chérie, fuyons !

 

J6 Pyla à Biscarosse, distance 30 km

Une fois sortis des dunes et les dernières bosses avalées, nous retrouvons un parcours plus adapté à notre logistique. A Biscarosse, entre la plage et l’étang, ça se corse de nouveau. Il nous faut passer une belle bosse et mettre pied à terre par moment. Malgré quelques difficultés, nous profitons des paysages séduisants. Le tracé est sinueux et la descente sur le plan d’eau est joyeuse. C’est l’heure du gouter et nous profitons d’une baignade bien méritée. A l’extrémité du lac, nous rejoignons par une belle piste notre nouveau camping. Il s’avère rapidement être très calme. Le montage de la tente est réalisé en un temps record sous un ciel menaçant, et les premières gouttes tombent au moment de planter la dernière sardine. Bref, c’est une fin de journée qui m’est très agréable.

 

J7 Biscarosse à Sainte-Eulalie-en-Born, distance 31,50 km

Journée tranquille et arrivée au Camping Municipal simple et agréable de Sainte-Eulalie-en-Born.

 

J8 Sainte-Eulalie-en-Born à Lit et Mixe, distance 45,40 km

En milieu d’après-midi, nous commençons à rouler sur un tronçon de piste très différent de ce que nous avons vu jusqu’ici. D’une largeur identique à la carriole, il ne permet pas aux vélos de nous croiser dans de bonnes conditions. Nous obligeons ainsi tous les vélos à s’arrêter sur le côté ou faire du VTT dans le sable ou les fougères. Au bout de quelques kilomètres, la piste évolue et présente un graphisme pouvant faire penser à de l’Emmental, étant donné la densité de trous au m². C’est surprenant !

Une fois à Lit et Mixe, on nous offre une douche froide. Il n’y aurait plus de place au camping bien que nous ayons vérifié le matin même. Nous entamons un siège, car à vélo avec deux enfants nous ne pouvons aller bien loin. L’idée semble totalement étrangère à notre interlocutrice. Mais deux emplacements finalement se libèrent par enchantement. Et il s’avère que de nombreux emplacements sont disponibles. Mais notre cas ne doit pas intéresser suffisamment car on nous refile un des emplacements les plus pourris du site.

 

J9 Lit et Mixe à Moliets, distance 32,02 km

Nous reprenons la route ce matin sur une piste toujours étroite avec un patchwork de pansements bitumés un peu partout, pauvre piste. L’après-midi, nous roulons sur une piste version luxe. Elle est d’une qualité incroyable, quel contraste ! Une fois à Moliets et après quelques appels, nous comprenons qu’il va être impossible de trouver une place pour dormir avant Bayonne.

Par contre, le camping à la ferme de Moliets peut nous accueillir. Et faute d’étape possible avant Bayonne, nous décidons d’y rester deux nuits. L’accueil est sobre et agréable, le camping est calme et l’on peut se fournir en légumes frais de la ferme. Nous ne demandons pas plus.

 

J10 Journée de repos à Moliets, distance 10 km

Nous avons passé une nuit très agréable. Les enfants se sont rapidement fait des petits copains, dont un chien. Aujourd’hui, nous allons gouter à l’océan. Et paradoxalement, ce sera notre unique journée en bord de mer durant ces 15 jours. Les enfants sont heureux, impressionnés par les rouleaux. La journée se termine par une compétition de léchage de glace.

 

J11 Moliets à Bayonne (via Labenne), distance 40 km

En arrivant sur Hossegor, nous longeons le lac avec une vue est agréable. Puis nous traversons la marina, remontons un cours d’eau, le Boudigau, et retrouvons la nature. La suite est bucolique et charmante le long de cette rivière. En ville, j’ai trouvé que la mixité piéton/vélo mal foutue et donc source de frictions avec des piétons particulièrement agressifs. C’est bien dommage.

Nous parcourons les derniers kilomètres en train jusqu’à Bayonne, faute de piste le long de la départementale. Et c’est un petit TER qui entre en gare avec une magnifique plateforme à l’arrière pour ranger à l’aise notre matériel. Et pour couronner le tout, le chef de train, qui est une femme, nous met de suite à l’aise avec un « prenez votre temps ! ». Dix minutes plus tard en gare de Bayonne, nous sommes pris en charge pour traverser les voies ; quel accueil pour notre entrée au Pays Basque !

 

J12 Bayonne à Mérignac (via Bordeaux), distance 27 km

C’est aujourd’hui une grosse journée de transfert, avec notre retour sur Mérignac. La veille, nous avons bien profité de cette agréable ville pour y flâner puis dîner en terrasse. Nous avons ce matin du temps avant de rejoindre la gare et commençons par une sortie le long de l’Adour en direction de l’Océan. Nous roulons à bonne allure et cela nous fait un bien fou. Ça sent la fin des vacances à vélo.

De retour en gare de Bayonne, nous trouvons une personne pour nous aider à rejoindre le quai de départ. Comme la veille, nous profitons d’un accompagnement de 1ère classe avec beaucoup d’attention. A l’arrivée du TER, je peste car il s’agit d’un Corail déclassé. Cela signifie trois marches pour accéder à la plateforme et donc une partie de plaisir pour charger notre matériel. A la fin du chargement, entrain de hisser de la carriole, le chef de train me tombe dessus. A cause de nous son train a pris du retard (une poignée de minutes). Et la discussion devient rapidement tendue. Il poursuit en m’indiquant que s’il nous avait vus plutôt, nous aurions été refusés à cause de notre carriole qu’il considère comme hors gabarit et bonne pour le fret. La bonne blague, je n’imagine même pas les complications. Je discute un moment avec lui, mais finalement l’essentiel est d’être dans ce train. A lire les commentaires sur le site d’AF3V, tout le monde n’a pas eu cette « chance ». Un père écrit : « (…) la SNCF n’a pas hésité à nous laisser sur le quai de Bayonne avec notre enfant (de 17 mois) parce qu’ils ne prennent pas les remorques ! ». Bref, une fois à Bayonne, on n’est pas sûr d’en repartir…

Une fois à Bordeaux, nous allons mettre un peu de temps à trouver la direction de Mérignac. Rapidement, je dis à Estelle qu’il nous faut absolument attraper un cycliste pour nous renseigner. Et le premier arrêté connait Bordeaux comme sa poche et donc notre route à vélo. A proximité de notre destination finale, Anne vient à notre rencontre. Nous sommes de nouveau perdus, au beau milieu d’un centre commercial qui ne figure pas sur notre carte.

 

Ainsi s’achève cette expédition de 360 kilomètres le long de l’Atlantique. Les souvenirs que nous avons gardé sont forts contrastés : paysages monotones ou spectaculaire comme les dunes du Pyla ou le bassin d’Arcachon, l’alternance de journées très chaudes avec des pluies diluviennes (la nuit), des cyclistes très sympas et certains vacanciers insupportables, un accueil trop aléatoire par la SNCF tout comme les campings. Fort heureusement, malgré les difficultés ou mauvaises surprises, il reste toujours le plaisir du voyage, de la découverte de nouveaux paysages et des rencontres que nous offre ce mode de déplacement incroyable qu’est le vélo. Pas de doute, le vélo transcende le voyage.

 

2 pensées sur “Bordeaux-Bayonnes à vélo, été 2011

  1. Kti Répondre

    La prochaine fois qu’on vient, faut qu’on se fasse ca ! Y’a des pistes cyclables ? c’est pas trop dangereux ?
    Et surtout un grand merci pour le lien sur lequel effectivement, je n’allais plus… Ils sont magnifiques vos loulous ! Ca pousse sec !!
    J’espère que tout va bien pour vous. Je vous embrasse
    Catherine

  2. Les Cycloapiculteurs Auteur de l’articleRépondre

    Hello miss !
    Dès que j’aurai pondu mon récit, je te ferai signe. Certaines parties de ce parcours sont effectivement très sympa, avec de belles pistes et peu de dénivelé. C’est le cas de Bordeaux-Lacanau (lac), puis jusqu’à la baie d’Arcachon. Ce sont d’anciennes voies de chemin de fer.
    La famille va bien, excepté avec les vilains microbes qui s’échangent en ce moment. Tu ne connais plus cette joie sur les îles !
    Bises

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